Toutes les sculptures sont réalisées en terre cuite d’après modèle vivant. Il s’agit donc d’un travail figuratif avant tout. Pour le modèle nu, seul le corps est reproduit, le visage est le fruit de l’imagination de l’artiste à l'exception de la réalisation de portraits, toujours d’après modèle vivant, pour lesquels les traits du visage sont reproduits avec le plus de fidélité possible, le but étant d’atteindre la ressemblance.
Quelques jours après avoir terminé une sculpture il faut la vider afin qu’il ne reste pas de bulle d’air avant la cuisson (la présence de telles bulles pourrait entraîner l'éclatement de la sculpture lors de la cuisson). Plus la pièce est de taille importante plus la tâche est difficile et délicate.
La terre sèche durant plusieurs semaines, en fonction de la taille de la sculpture. Ensuite elle est cuite au four électrique à 960°. Lorsqu’il s’agit de pièces de grande taille, et destinées à l’extérieur, les sculptures sont cuites à température plus élevée dans un four à gaz. La cuisson dure environ 9 heures, et il faut autant de temps de refroidissement avant d’ouvrir le four et de découvrir les sculptures cuites.
Les couleurs moins uniformes donnent à la sculpture des nuances de terre brûlée qui ne nécessitent pas systématiquement de patine. Dans le cas des oeuvres « patinées », les patines sont réalisées avec des pigments dilués dans de la gomme laque. Plusieurs couches sont nécessaires avant d’obtenir l’aspect bronze. La dernière étape est l’application d’une cire qui donne le fini satiné et agréable au toucher.
"D’abord c’est un cri. Celui que les navigateurs naguère poussaient à l‘approche d’un amer. D’une terre inconnue. D’une contrée à découvrir. Il disait la fin proche du voyage, en annonçait le terme.
Les cris de terres d’Anne-Marie Adam eux ne retentissent pas dans les lointains, leur ailleurs est ici ; ils sont à portée de ses mains, tout en vibration muette, en ondulation, modelages, hachures, en lissages. A portée de mains d’œuvres. A peine crissent-ils. Mais si peu que ce soit ils s’entendent du dedans de la matière.
Les terres qu’abordent Anne-Marie Adam sont d’une autre nature, d’une autre latitude, elles lui collent à la peau, remontent des profondeurs, s’extraient. Se façonnent, se tordent, s’étalent, cuisent, vernissent, en font toute une histoire. Elle en fait tout un monde.
Terres naissantes de sous ses doigts. Primordiales.
Ses périples en sont toujours au recommencement. Ils sont une idée. Une forme en mouvement. Pas plutôt achevé qu’un autre voyage s’ébranle. Ses transports ne sont pas de ceux qui permettent des franchissements d’un point à un autre, ils sont élans, états de grâce, faims de tout recevoir. Ils se lisent dans les mirettes sûres que la sculptrice porte sur le matériau inerte ; quand sous son ébauchoir, dans un geste cent fois recommencé et jamais le même, ils nous parlent du chemin accompli. Qui va s’accomplir. Quand s’accomplit d’elle le miracle de la beauté qui vient.
Ainsi le corps de la femme. Les volumes, les courbes, les creux. Voluptueuse sensation vers la plénitude, le toucher du grain, quand on ne sait plus qui de la matière, du modèle ou de l’artiste caresse l’autre. Anne-Marie Adam en a fait sa marque de fabrique. Son artisanat part du corps pour revenir au corps. C’est sa spécialité. Son œil, sa main, son âme, médiatisent ces instants de pose en apparence figés pour les transfigurer. Leur redonner vie.
Mais nous n’avons encore rien vu. Il reste le feu. Le métal. La transmutation finale qui par une sorte de pacte secret va lier tous ces éléments !
Il nous reste à voir Minerve rencontrer Vulcain. Anne-Marie, son fondeur. Et de cette fusion, sous nos yeux, comme venant d’un lointain passé, la beauté restituée. Anne- Marie Adam comme tout sculpteur a quelque chose d’un alchimiste. La preuve ? Ses œuvres, les bronzes qu’elle en tirent, leur ineffable finesse sont le creuset de nos propres désirs de grâce.
Les terres élèvent jusque aux cieux."
Daniel Saint-Lary Auteur-Nouvelliste- Romancier- Juillet 2016